Un total de 303 ménages de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension perdront leurs subventions fédérales aidant les gens moins fortunés à se loger, d’ici 2026. Rencontrés par TC Media, trois d’entre eux ont accepté de parler de leur désarroi.
Marie-Andrée Trudeau est une résidente de la coopérative «Nos Rêves», à Parc-Extension, l’une des 16 coopératives d’habitation de l’arrondissement touchées par les compressions. Gravement malade, elle ne peut plus travailler.
«Sans cette aide financière, je devrais cesser mes traitements médicaux. Je ne pourrais plus me payer certains médicaments et soins de santé», anticipe Mme Trudeau, souffrant, entre autres, de fibromyalgie.
Celle qui réside à la même adresse depuis 20 ans reçoit 100$ par mois pour se loger. Ce «coup de main» lui permet également de demeurer dans un logement salubre, souligne-t-elle.
«Appauvrissement réel»
La famille Baril-Gouanvic a également profité de cette aide gouvernementale. Arrivée à la coopérative «Nos Rêves», en 2005, la famille arrivait dans un état financier et émotionnel difficile. Après avoir combattu la maladie pendant six ans, leur fille aînée, Morgan, est décédée.
«Ça n’a pas été facile. Nous étions dans un moment de reconstruction. J’avais un emploi précaire et mon conjoint n’avait pas d’emploi, car il s’occupait de notre aînée. Nous avions également dû interrompre nos études pour subvenir aux besoins de notre famille», raconte Mélanie Baril.
Cette aide financière a permis aux parents de retourner aux études et par la suite de se trouver des emplois intéressants et stables.
«Nous avons été tellement chanceux. C’est un grand soulagement en tant que parents d’avoir la possibilité, aujourd’hui, de payer des études universitaires à ses enfants, et même de pouvoir partir en vacances avec eux», affirme Mme Baril, qui ne reçoit plus d’aide aux logements depuis juillet 2015.
Dans Villeray, à la coopérative Sainte-Cécile, sept ménages bénéficient de l’aide financière depuis juillet 2015. Pour certains, ça équivaut à des économies allant jusqu’à 400$ par mois.
«Sans ça, je vivrais dans une situation d’appauvrissement réel. J’aurais une moins bonne nutrition et j’aurais un stress supplémentaire. Ce ne sont pas des conditions idéales quand on veut retourner sur le marché du travail», affirme un locataire qui a perdu son emploi dernièrement et qui souhaite garder l’anonymat.
Une situation «épouvantable»
L’annonce en 2014 de la fin de cette subvention a fait grandement réagir les résidents des coopératives ainsi que les membres des associations de locataires.
«Ça n’a pas de bon sens. Certaines coopératives ne pourront pas survivre à ces coupes budgétaires. On n’aide pas les gens à vivre dans des logements propres et salubres», Geneviève Brault, organisatrice communautaire de l’Association des locataires de Villeray.
«C’est épouvantable, une horreur pour les résidents des coopératives. Lors de la réunion de la Fédération des coopératives d’habitation intermunicipale du Montréal métropolitain (FECHIMM), j’ai entendu des gens dire qu’ils ne pourraient plus accepter des personnes à faibles revenus dans leurs immeubles, car ils ne seront plus à même des les aider», déplore Mme Baril, membre du comité d’action de la FECHIMM.
Voulant faire changer les choses, plusieurs membres des coopératives ont participé à des activités de mobilisation au cours de la dernière année. D’ailleurs, la coopérative «Nos Rêves» organise un rassemblement le 12 septembre, pour rappeler aux candidats fédéraux l’importance de financer le logement social.